Un Compagnonnage avec des auteurs et une publication

Durant plus de trois années, les neufs auteurs associés au projet – Marine Auriol, Henri Bornstein, Jean-Pierre Cannet, Claudine Galea, Ronan Mancec, Dominique Paquet, Sabryna Pierre, Claire Rengade, Sabine Tamisier – ont accompagné à l’écriture plus de 600 adolescents et jeunes gens pour les sensibiliser aux enjeux de la thématique des nouvelles mythologies et de l’écriture dramatique contemporaine.
Ces auteurs ont ensuite répondu à notre commande d’un texte dramatique court. En rapport ou non avec leur présence sur le territoire, ces textes publiés lors du Festival La Cour aux ados#2, aux éditions Théâtrales Jeunesse, offrent un panorama riche de l’écriture dramatique contemporaine et de la diversité de son adresse à la jeunesse. Ils sont ainsi l’occasion de créer cet événement et de rassembler un certain nombre de partenaires autour de leur première création.
Pour chacun de ces textes, autant de lectures insolites et de surprises. Autant de visions plus ou moins accrochées à leurs temps de résidences. Un pari quelque peu insensé mais qui, au final, justifie sa cohérence par la diversité, l’empreinte volontaire et ténue de chacun. Par la pertinence des propos éclatés et une représentation aiguë, souvent juste, de leur écriture vis-à-vis de « leurs Mythologies ».
Comment s’exposer à vaincre et convaincre ses craintes, éviter d’être fragile et timide par rapport à tout ce qui a déjà été écrit ? Et, surtout, s’octroyer l’arrogance d’une juste et décidée lecture d’histoires nouvellement « héroïques » ! Où et comment se sont-elles posées dans le cœur de chacun ; où ont-elles déposé leurs fruits, leurs épines et leurs ailes, ces paroles déployées ?
La force et l’inventivité de chacun des textes viennent de leur langue, bien entendu, mais surtout de leur sens accroché aux paroles contemporaines, « vivantes » donc, de la mythologie.
Tous ces textes forment l’ossature d’un squelette de peau et de chair, de sang et d’eau que nous avons à construire, et à voir prendre place dans les lectures et sur les premières traces de plateaux.
Les sensibilisations, les ateliers et créations parallèles
En parallèle, durant toutes ces années, plus de 1800 adolescents et jeunes gens ont partagé – dans des classes, des ateliers-théâtre, et sur des formes artistique diverses – cet univers thématique. Chaque fois, la même envie de questionner et de répondre, de façon sensible, à ce besoin de dire le monde et ses préoccupations. Une de nos aventures nous a portés vers le thème de la migration : Corps et âmes de Bernard Montini, long poème sur notre regard vis-à-vis des migrants.
La migration, avec la multiplicité de ses profondeurs originelles comme la convergence d’une même force évocatrice et émotionnelle, construit en elle une mythologie à part entière. Des images communes la représentent sous forme d’une traversée contemporaine violente, un déchirement avec sa terre natale, ou encore une espérance vers la Terre idolâtrée. Chemins de rêves perdus, moments forts d’une vie à oublier, oppression permanente, autant de signes qui hantent nos esprits d’imagination dramatique.
Une autre de ces aventures nous a conduits De l’Antiquité à nos écritures contemporaines, où des jeunes filles, guerriers et adolescents aux engagements déjà vifs et déterminés, font toujours échos à nos oreilles de vivants. Par l’entrelacs de leurs plaintes, de leurs cris et l’engagement définitif d’une jeunesse glorieuse, nous avons pu témoigner d’un destin, qui, jusqu’à nos jours, ne s’est pas encore démenti. Aux portes d’Hadès : un mélange de textes anciens – textes d’Eschyle, Sophocle, Shakespeare – et nouveaux – Azama, Lemoine, Richard – où le sacrifice semble faire partie des enjeux pour la paix ! Et il en est encore beaucoup de ces terres actuelles où l’on se bat pour cette liberté, pour ce défi à la vie.
Une première lecture de création et un Protocole dramaturgique des 9 textes des auteurs à La Cour aux ados #2

À partir, donc, des textes proposés par les neuf auteurs :
Sale Hope (Ce qu’ils disent) de Marine Auriol
Défense d’entrer d’Henri Bornstein
Bella Korsky de Jean-Pierre Cannet
Parce que tu vis de Claudine Galea
Tithon et la fille du matin de Ronan Mancec
Floue de Dominique Paquet
Survivant de Sabryna Pierre
Carnivore de Claire Rengade
Lorsqu’au petit matin parut l’aurore aux doigts de rose de Sabine Tamisier
Nous avons composé un puzzle de formes dramatiques brutes, dépouillées, laissant tout à l’adolescent-acteur et au texte. Comme une transmission immédiate, directe et sans le filtre « vaporeux et traître » d’une sémantique théâtrale complexe. Près de 400 adolescents et jeunes gens ont participé à cette dernière partie de l’aventure thématique.
Il revenait à l’équipe de metteurs en scène de trouver les formes qui pouvaient immédiatement répondre à nos critères : mettre en scène un texte de commande sous forme d’un travail choral et scénique, où les acteurs jouent les « personnages en désordre ». Créer une parole directe pour le groupe d’adolescents et jeunes gens sur le plateau. Privilégier le texte dans son approche poétique, où le sens s’inscrit dans le travail des mots et leur distance à les entendre, plutôt que dans une approche littérale. Et choisir pour chaque forme, un élément dramaturgique frappant qui marque le travail de plateau, un élément scénique fort (accessoires, masques, vidéo…) adapté à chacun des opus. Rien de définitif, plutôt une « lecture dramaturgique exigeante», face à un texte, et son appropriation par un groupe de jeunes gens.
Les Nouvelles mythologies de la jeunesse forment une belle aventure humaine, à la dimension tentaculaire. La diversité de ses thèmes et de ces exigences vis-à-vis d’un temps en pleine mutation sont à la hauteur du sujet.
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