Membre de la troupe ados de La Minoterie de Dijon, Siobhan, jeune comédienne de 17 ans nous écrit son expérience avec la pièce Partager l'incendie de Dominique Paquet et mise en scène par Marion Chobert, dans le cadre de leur participation au Festival La Cour aux Ados #3.
"Dans ma vie, j’avance sur la scène, je poursuis mes émotions, je trébuche dans vos regards et je collectionne vos applaudissements. Le théâtre est récemment devenu pour moi une activité vitale, une activité qui te sors de la léthargie du quotidien, qui te pousse à devenir vraiment la personne que tu es et qui te permet de rencontrer d’autre passionnés dans le but de raconter une bribe de vie ensemble. Partir en festival était devenu ma motivation, afin de Partager l’incendie encore plus.
Cette pièce de Dominique PAQUET, met en scène une réalité, non applicable à tous, mais une réalité : celle de tous ces jeunes qui veulent se sentir vivants, exister aux yeux des autres : ceux qui détruisent leur corps à coups de défis destructeurs et morbides. Ceux qui pensent exister par le challenge, la souffrance. Je dois avouer m’être parfois reconnue dans certains passages, car je suis comme eux : une adolescente perdue entre le monde des enfants et le monde des adultes, une adolescente qui ne sait pas comment exister.


Le travail de mise en scène avec Marion CHOBERT a été une vraie partie de plaisir. Comme dans tous les jeux, des déconvenues, des idées irréalisables, mais le principal était que nous étions là, motivés, avec la même volonté de faire naitre et grandir ce projet. On en a bavé parfois, on a recommencé, encore et encore, pour trouver l’intention juste. Parfois, les idées manquaient, alors on devait redoubler de patience. Puis d’un coup, c’était une illumination. La victoire sur le texte, d’avoir su le mettre en mots, et non plus en maux. Ne plus se limiter aux maux qu’il exprimait. Le faire vivre pour ce qu’il est, au-delà de la dureté des mots, de la violence des passages, de la violence de la réalité. La rencontre avec Dominique PAQUET nous avait permis de nous questionner sur le texte, de le comprendre, mais le jouer nous a permis de faire exister ces douleurs, et de les expulser de nous.
Et dans cette pièce, je jouais principalement le rôle d’un éducateur, un guide pour tous ces jeunes, en charge d’éclairer la vie des plus tristes, des plus démunis, des plus égarés et de leur montrer ce que c’est que la vie. La vraie vie : celle hors des écrans. Je prenais mon rôle très à cœur, avec beaucoup de sérieux, puisqu’il était devenu réalité pour moi.
A l’annonce du confinement, j’avais quelques doutes sur le fait que le festival se maintienne. L’espoir au fond de moi criait que, au mois d’avril, tout serait finit. Mais non. Depuis, je suis confinée chez moi, seule avec mon père et mon chien. Les journées sont longues, alors je révise. Je révise mes cours pour le bac, mais aussi mon texte, car l’espoir continue de hurler au fond de moi : il me hurle qu’il y a encore une chance que l’on puisse jouer ce texte. Et je ne demande qu’une seule chose : qu’il ait raison, et que l’on puisse tous se retrouver, tous vous retrouver, pour partager la vraie vie, ensemble, tous réunis."

Texte Siobhan D’Aviau de Ternay - Photographies La Minoterie de Dijon - avril 2020