Jeune Écrits #2 – Arnaud e(s)t Thibault : « Alors aujourd’hui, qu’est-ce qu’il reste ? »

Arnaud interprète Thilbault dans la pièce Léo et Juliette, écrite par Catherine Behnamou et mise en scène par Jean-Claude Gal dans le cadre du Festival La Cour aux Ados #3.

 

« Après de longues minutes à fixer cette page blanche, je ne sais pas par où commencer : la pièce, mon personnage, les répétitions ?

Trop de choses à dire et pas assez de mots pour exprimer l’intensité de ce que l’on vit au Pélican.

Bon, commençons par la pièce : Léo et Juliette de Catherine Benhamou, une histoire composée de moments de vie de futurs adultes. Le parcours de Léo déjà, central et essentiel à la construction de tous les personnages, autour de cette question du genre et de l’identité évidemment.

Mais ce que je préfère personnellement, ce sont les interactions entre nos personnages. La question du genre est abordée mais aussi l’amour qui naît, l’amour qui fane, le désir, le jeu, l’amitié…

Si je devais décrire Thibault, mon personnage, je dirais qu’il aime être vu, écouté, il aime plaire et faire rire. Il est, avec Noé son meilleur ami, celui qui s’oppose le plus à Léo dans la pièce.

Il a cette double image de charmeur d’un côté, et de quelqu’un d’intolérant de l’autre.

Personnellement, me mettre dans la peau de mon personnage n’est pas quelque chose de compliqué, car il faut l’avouer… Il me ressemble un peu. Mais malgré tout, il reste très différent de moi, et c’est là que se situe le plus gros du travail : réussir à retransmettre l’intensité de Thibault, cette provocation permanente, cette énergie « indomptable » comme il dit, en étant vrai.

La pièce a été pour nous tous un vrai challenge je pense, outre nos personnages et leurs interactions, à cause des passages de la pièce contenant du texte Shakespearien.

Nos personnages sont eux-mêmes des comédiens qui répètent le texte de Roméo et Juliette, et qui parfois donc, se servent de ce texte pour exprimer ce qu’ils pensent vraiment. C’est un autre niveau de profondeur du texte à assimiler qui nous a pris du temps, mais qui donne une force supplémentaire à certaines scènes.

Evidemment, c’est la régularité et l’intensité des répétitions, tous ensemble, qui nous a permis de progresser dans cette création. Il y a une entraide et un esprit de groupe fou pour 6 jeunes qui ne se connaissaient pas il y a encore quelques mois. Jour après jour, on construisait la pièce, en tentant des choses, en les changeant le lendemain pour trouver quelque chose d’encore mieux.

On ne peut pas se rendre compte du plaisir que cela donne. Faire partie d’une création si importante, voir les chorégraphies s’installer, découvrir les décors et se les approprier, puis la musique et la lumière qui viennent se glisser au milieu de tout ça… Prendre un peu de recul et admirer le chemin parcouru et le rendu, c’est quelque chose que les mots ne peuvent pas toucher.

Après une semaine de vacances universitaires à répéter intensément, à rire, à partager, à travailler toute la journée, sans voir les heures passer, on a créé un groupe soudé et auquel on croit. Et je pense que c’est ça la force de notre pièce : elle est vraie. Elle est vraie dans nos regards, avant même les premiers mots et jusqu’aux derniers, et ça on en est fier !

Oui c’est une fiction, mais qui porte en elle tellement de réalités : la lutte pour s’affirmer, la recherche de « qui on est » et de notre place dans la société, le regard des autres, l’amour.

Alors aujourd’hui, qu’est-ce qu’il reste ?

Il reste des amitiés, parce que notre groupe il est là. C’est un coup de chance peut être, mais derrière les personnages il y a une vraie alchimie.

Derrière les personnages y a Arnaud, Naëlle, Nathan, Léa, Titouan et Eléonore qui sont devenus proches autour du théâtre. Il reste aussi et avant tout une envie de partager.

Quand nous avons appris le confinement, nous sortions d’une pièce de théâtre que nous étions allé voir ensemble (et oui, on s’entend bien au point de se voir en dehors des répétitions, c’est dire !).

Et en sortant de cette représentation, il était 22h mais on avait qu’une envie c’était de monter sur scène ! C’était sincère et frustrant, parce que ce n’était pas possible. On avait tellement répété, on allait régler les derniers détails dans d’ultimes répétitions avant les représentations, on avait une profonde envie prendre la scène pour nous et de partager.

S’il faut voir le positif, je dirai que ça nous laisse du temps de laisser mûrir nos personnages un peu plus, peut être les découvrir autrement, retravailler le texte, notre compréhension, et peut être faire de ce confinement une source d’inspiration pour le futur.

Ce qui est sûr ce que l’on attend impatiemment de pouvoir se retrouver pour jouer cette pièce ! »

 

Texte et photographies – Arnaud Vaslin – avril 2020