Le chœur de comédien.ne.s s'adresse au public. Interpelle, accuse, secoue. De manière vive, exaltée carrément. Droite. Directe. Dans les dents. BAM. Flux continu, les voix s'élèvent prenant à la gorge les spectateurs pour ne plus les lâcher un instant.
Qu'est-ce que tu fais ?
T'es sérieux ?
T'es sérieuse ?
Qu'est-ce que t'es en train de foutre bordel ?
Putain mais t'arrêtes ça! T'arrêtes ça tout de suite !
Ça va pas la tête ?
Je suis pas d'accord. Pas d'accord du tout.
C'est quoi cette idée de merde ?
Oui c'est une idée de merde ! Une grosse idée de merde.
Excuse-moi, hein, excuse-moi de te parler comme ça, m'enfin bon on peut pas dire que tu assures trois cacahuètes là.
Tu es même carrément en train de partir en sucette.

J'hallucine.
Je suis scotché.e en fait.
Nan je te jure, je te pensais pas capable d'un truc pareil.
Que tu sois malheureux, que tu sois malheureuse, ça arrive, ça peut arriver putain, à tout le monde même.
Tu crois quoi ? Que la vie c'est du miel ? Que tout coule, doré, sucré et infini ?
Bah non.
Bah non !
Désolé.e.
Vraiment.
La vie c'est comme ça, des hauts des bas. La kiffance ultime en permanence ça n'existe pas.
C'est ça qu'il va falloir que tu te rentres dans le crâne !
Que tu captes.
Qu'être heureux, heureuse c'est insaisissable, volatile, absolument éphémère.
Faut l'accepter. C'est comme ça.
Et oui, être malheureux, malheureuse ça arrive. Et puis ça passe ça va passer. Ok ?
ÇA VA PASSER !
Parce que, que tu sois dans la peine le malheur la tristesse le chagrin, d'accord, mais que tu fasses ÇA, cette chose là. T'abîmer.
Oui tu t'abîmes ! C'est s'abîmer ça, ce que tu fais c'est s'abîmer.
Et moi ça me... ça me donne envie de hurler pour ne pas chialer, tu comprends.
Et de te foutre ma main dans la gueule pour te réveiller.
Que ton cerveau se cogne à ta boîte crânienne et que tu percutes que tu merdes là.
Et que ça te remette les idées en place.
Bien sûr que oui c'est de ça dont tu as besoin. Être secoué.e.
Et je te le dis dans les yeux : je ne te lâcherai pas. Non je ne vais pas te lâcher.
Je te colle au mur, entre quatre yeux, et je te fais la misère.
Te dire que tu crains. A faire ce que tu fais là. Et dont je ne veux même pas parler. Tellement c'est nul, tellement que ça ne mérite même pas d'être nommé.
On t'a donné.e une vie et toi tu gâches !
Ton job, je te le dis hein, en tant qu'humain, en tant qu'humaine, ton job putain c'est de chercher un maximum de plaisir pour un minimum de souffrance.
C'est ça que font tous les Hommes depuis la nuit des temps. C'est biologique!
C'est le fondement de l'humanité même. Ça régit nos comportements. Toutes nos actions sont effectuées dans ce but, t'as pas remarqué? T'as pas remarqué que l'humain naturellement cherche à fuir la douleur? Fuir la douleur et aller vers le plaisir. Depuis que tu es enfant instinctivement tu fais ça!
Pour la Cour aux Ados #3
Création : Théâtre des Ilets – CDN et Conservatoire André Messager - Montluçon
Mise en scène : Mouss Zouheyri
Avec : Soledad Aguilar, Géraud Caldeyroux, Marie Caudoux, Nathan Caviette, Cayman Lochrie, Ombeline Dauby, Tony Durand, Marion Faure, Lou Ferrer-Thibaut, Ambre Jakubowski, Abigaëlle Lang, Lila Monier, Raphaël Moret, Alexandre Salasc, Ethan Soularue, Louise Tautou, Agnès Tenneson et Nina Terracier