
Du 4 au 8 avril derniers s’est déroulé la seconde édition du festival « La Cour aux Ados » sur le thème des Nouvelles Mythologies de la Jeunesse. Cette année le festival s’est produit sur deux lieux : la Cour des Trois Coquins et l’Espace Nelson Mandela, en partenariat avec la Direction à l’Animation et à la Vie Associative de la Ville de Clermont-Ferrand.
Neuf auteurs ont participé à ce projet par l’écriture d’un texte précédé de résidence dans des écoles. Ainsi, certaines classes ont répété et présenté leur travail pendant le festival. Les ateliers du Théâtre du Pélican ont également présenté leur spectacle, ainsi que certains élèves du conservatoire de Lyon. A cela s’ajoute l’inauguration qui a eu lieu à l’Espace Nelson Mandela, mais aussi des conférences autour de la culture et de la jeunesse, des ateliers théâtre animés par les élèves du conservatoire de Lyon, des rencontres avec les auteurs, et bien évidemment, la sortie du livre Nouvelles Mythologies De La Jeunesse à la librairie Les Volcans.
La première conférence, le mercredi 5/04, accueillait différents acteurs de la culture dont l’activité est orientée vers la jeunesse : par exemple, Philippe BOHELAY (Adjoint en charge de la Vie associative à la Ville de Clermont-Ferrand), Dominique BERODY (Délégué général jeunesse, Conseiller artistique – Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN, parrain du Festival « La Cour aux Ados »), Jean-Claude GAL (Directeur artistique du Théâtre du Pélican), et le modérateur de cette journée : Samuel DEPREZ (Chargé de Médiation Culturelle dans les quartiers prioritaires à la ville de Clermont-Ferrand). Beaucoup de porteurs de projet ont pu témoigner de leurs expériences tout au long de la journée, on peut notamment citer : Cédric PAILLER (Association Filmer l’Air de Rien), Thierry RENARD (Expérience à l’Espace Pandora – Vénissieux, Rhône), Hassen AYECHE (Conteur et musicien percussionniste), Glenn BORIBEGNOBEBA (Danseur, professeur de danse, chorégraphe, fondateur du collectif « La Terre du Milieu », créateur de l’Association « 9 fois 7 »), ou bien encore Judith et Corentin (Junior Association « Le Club Lecture »). Sont ressortis de ces témoignages le fait incontestable que les adolescents ont bel et bien leur place dans la culture et en l’occurrence dans le théâtre ! En effet, cette fameuse « crise d’ados » n’est autre qu’une prise de conscience d’être au monde et de vouloir être soi-même. Ces changements, ces doutes, ces questionnements sont en réalité présents en chacun d’entre nous ! Le théâtre est un moyen de parler de soi grâce à une mise à distance nécessaire pour pouvoir s’émanciper et se libérer.
L’importance de la transmission et des « passeurs » fut également largement évoquée. En effet, le théâtre étant une expérience collective qui prépare aux liens sociaux, elle a besoin d’un accompagnement dans l’action, d’une « confiance élémentaire fondamentale », d’une bienveillance immodérée pour permettre à ces jeunes de s’élever et de grandir – selon leur propre mot. L’adolescent est acteur de cette création artistique essentielle, et de ce partage des émotions qui peuvent leur sauver la vie. L’expérimentation de ce « vivre ensemble », de cette mixité, d’où résulte toute la force et l’énergie de cette jeunesse, leur permet l’accès à leur propre richesse par le biais de la pratique artistique. Cette immense implication des jeunes leur permet un cheminement vers la citoyenneté et un monde de tolérance et d’espérance ! Ce changement de nature du « je » existentiel se fait grâce au jeu théâtral, et de ce fait, à l’amour des « passeurs » pour chacune de ces âmes en développement. Et cet amour est présent au cœur de la politique publique (même si celui-ci est parfois caché) ! Se trouver comme sujet créateur, se laisser aller à l’imaginaire, la transposition symbolique du théâtre sont autant d’éléments qui permettent d’aider les jeunes à vivre face à cette difficulté d’exister.
Le vendredi 7/04 et le samedi 8/04 deux conférences en présence des auteurs ont été organisées. Les modératrices de ces conférences : Marie BERNE (Responsable de l’action culturelle – Médiathèque de Jaude), Elisabeth FERLIN-HERVY (Professeur de Lettres), et Stéphanie URDICIAN (Maître de Conférences à l’Université Clermont Auvergne), ont permis de guider les interventions à la fois des auteurs et du public. Etaient présents huit auteurs : Dominique PAQUET : Floue, Sabine TAMISIER : Lorsqu’au petit matin parût l’aurore aux doigts de rose, Ronan MANCEC : Tithon et la fille du matin, Claire RENGADE : Carnivore, Jean-Pierre CANNET : Bella Korsky, Henri BORNSTEIN : Défense d’entrer, Marine AURIOL : Sale hope (ce qu’ils disent), Sabryna PIERRE : Survivant, ainsi que Pierre BANOS (Directeur des Editions Théâtrales). Pour écrire les textes commandés par le Pélican, les auteurs insistent sur le fait qu’ils n’écrivent pas spécifiquement pour des adolescents, voire qu’ils ne se sont jamais posés la question de savoir pour qui ils écrivaient. Ils ne cherchent pas à répondre à une attente mais proposent leur propre univers en se basant sur un thème sans forcément savoir où cela va les mener. Il s’agit de relier « l’infiniment proche et l’infiniment loin ». La question du réel et de la réalité est très présente pour chacun. La langue de la scène est toujours en résonance avec la vie, il ne s’agit pas de trouver des réponses mais plutôt des pistes. La mythologie est un thème issu d’un héritage inconscient pour certain, ou au contraire, très ancré dans la mémoire. Le travail effectué dans les classes a permis aux auteurs de se nourrir de ce que pouvaient être pour les jeunes ces Nouvelles mythologies de la jeunesse.
Tous les auteurs ont été saisis à la vue des représentations. Ils ont été très émus, très touchés par l’implication, la rigueur et l’interprétation des jeunes comédiens. Ils ont été impressionnés par les mises en scène auxquelles ils ne s’attendaient pas, et qui parfois, leur ont fait redécouvrir leur propre texte, qu’ils ne pensaient pas toujours être aussi proche d’eux. La pureté, l’intégrité et l’amour portés par ces jeunes comédiens ont été salués par tous ! Toutes ces performances remplies de vérité et de « sensibilité heureuse » ont amené les textes vers des espaces inconnus de possible et de liberté. Ces aventures de création et de cheminement vers une évolution certaine sont d’une importance capitale ! L’enjeu de transmission d’une génération à une autre est donc à développer autant que possible pour permettre aux adolescents de révéler leurs capacités créatrices et surtout de se révéler à eux-mêmes !
Ainsi, le public a trouvé ces conférences très dynamiques et accessibles, et s’accorde sur le fait que le théâtre est essentiel pour la confiance en soi, la gestion du stress et le fait de se libérer. Lors de ces conférences, il a été souhaité qu’une place plus grande soit faite la culture dans l’éducation. Les adolescents ont besoin de s’approprier les mots pour pouvoir s’exprimer et s’en emparer à leur tour !

Concernant les spectacles, chaque représentation fût unique et vécue intensément ! En effet, le niveau d’interprétation des comédiens et les mises en scène étaient tels qu’ils révélaient une harmonie pure, joyeuse et éblouissante pour le public. Ces liens créés entre tous ces artistes transforment ces groupes en de véritables familles ! Et comme dans toutes les familles, il y a des dissensions : certains comédiens affirmeront que la première représentation était la plus réussie et d’autres que c’était la dernière !!! Mais le partage étant plus fort que tout, c’est une immense joie qui submergea les artistes et bien sûr contamina le public !
Les rencontres des auteurs avec les élèves ont, quant à elles, permis à chacun de mieux se comprendre. En effet, les thèmes et les origines des œuvres furent expliqués aux élèves, ainsi que l’importance et la portée du théâtre aux yeux des auteurs. Il y eut également une rencontre imprévue entre les élèves du conservatoire de Lyon et des lycéens pour leur expliquer leur parcours, inspiré par leur rêve, leur passion, et basé sur un « re-questionnement » permanent de leur choix de vie, imprévisible et excitante !
Les ateliers théâtre du samedi 8/04 étaient pris en charge par les élèves du conservatoire de Lyon, et bien que leur effervescence fût parfois un peu intimidante pour les participants, celle-ci était surtout envoutante. L’inauguration a été réalisée par Isabelle LAVEST (Médiation culturelle de la ville de Clermont-Ferrand), Cécile AUDET (Adjointe en charge de l’éducation, de l’enfance et de la petite enfance à la ville de Clermont-Ferrand) et Jean-Claude GAL (Directeur artisque du Théâtre du Pélican). A cette occasion, la capacité de l’adolescence à vivre la vie a été saluée, ainsi que l’importance de l’accompagnement de l’adolescent jusqu’à l’âge adulte. L’implication et la réussite éducative du Théâtre du Pélican furent également saluées, car même si le théâtre n’apporte pas toujours des réponses, il permet surtout de faire ses propres choix et ainsi de mieux se connaitre !
Ainsi, « la culture sera ce que l’on en fera » ! Alors, à nous de « l’universaliser » !
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